Transcription
2023_Video_Intw_AndreasHomoki_Carmen« Cette histoire traite du conflit entre une société de petits bourgeois,
c’est-à-dire un monde normé,
et un concept différent, un monde basé sur la liberté
qui vient du monde rural et qui a grandi avec des règles.
Ce conflit est incarné par Don José,
qui vient du monde rural et qui a grandi avec des règles.
C’est un soldat,
il a toujours exercé son métier sérieusement,
sa mère l’a élevé avec amour.
Et il rencontre Carmen,
cette femme si libre, qui a totalement confiance en elle,
qui n’a jamais fait aucun compromis et qui vit sa vie comme elle l’entend.
Elle est à elle seule un concept utopique de femme émancipée.
Cette femme indépendante présente donc un danger pour l’homme
qui travaille et qui vit en se pliant aux règles.
Je pense que Carmen est probablement l’opéra le plus populaire de tous les temps.
C’est l’archétype même de l’opéra
et le public l’associe à de nombreuses images,
notamment au monde des gitans ou au monde hispanique.
À l’époque où Bizet a composé cette œuvre,
l’Espagne était très exotique et très lointaine.
Mais aujourd’hui, tout le monde, du moins en Europe, connaît l’Espagne,
les spectacles de flamenco etc…
L’imagerie est très liée à une vision touristique de l’Espagne.
Donc pour s’attaquer à cet opéra, il faut retourner aux sources
et une manière de faire serait d’en revenir à la nouvelle de Mérimée,
de regarder ce qu’il y a dedans et de s’y adapter.
Mais là aussi, c’est problématique, parce que,
sur scène, il faudrait ajouter des éléments, notamment des détails historiques.
Donc ce que nous avons décidé de faire pour cette production,
c’est non pas de retourner à Mérimée mais à l’Opéra-Comique.
L'histoire, sous sa forme opératique, c'est Carmen,
bien plus que la nouvelle dont elle est tirée.
Et on s’est dit : « Mais pourquoi pas sur le plateau de l’Opéra-Comique,
faire de ce plateau le point de départ, là même où l’opéra a été créé ! »
Comme si l’opéra et son intrigue se situaient quelque part dans notre imaginaire.
Et on va voir les personnages se réunir et recréer cette œuvre,
presque à partir de rien.
Il n’y a pas de décor,
il n’y a que les protagonistes et ce drame incroyablement bien conçu.
Pour trouver la Carmen parfaite,
il faut trouver la voix adéquate, comme toujours à l’opéra.
Mais Carmen fait partie des quelques rares héroïnes d’opéra
pour lesquelles une voix adéquate ne suffit pas.
Il faut une personnalité qui puisse incarner
toutes les différentes nuances de Carmen :
la nuance érotique, son côté séducteur, dangereux...
Et je suis très content de travailler avec Gaëlle
car elle a une vision très claire de ce qu’elle veut faire avec son personnage,
elle a déjà incarné Carmen plusieurs fois.
Donc avec elle, c’est vraiment un dialogue très fructueux.
Ce qui est la seule façon de faire.
Ce n’est pas comme si le metteur en scène arrivait et disait :
« Ok Carmen, elle est comme ci et comme ça, et maintenant, au boulot ! »
Non, en réalité, je pose des questions, je demande :
« Dans cette situation, tu ferais quoi ? »
et elle me répond « Je ne sais pas, peut-être ceci… »
et moi je lui réponds : « D’accord, et peut-être même qu’on pourrait aller
plus loin dans le sens que tu proposes ».
Donc avec ce rôle, c’est un véritable échange. »
Cast
Musical direction Louis Langrée (24, 26, 28, 30 April) | Sora Elisabeth Lee (2, 4 May) • Staging Andreas Homoki • With Gaëlle Arquez, Frédéric Antoun, Elbenita Kajtazi, Jean-Fernand Setti, Norma Nahoun, Aliénor Feix, François Lis, Jean-Christophe Lanièce, Matthieu Walendzik, Paco Garcia, Sylvia Bergé • Choirs, accentus and la Maîtrise Populaire de l'Opéra-Comique • Orchestre des Champs Elysées