Tout ce monde pour chanter de l'opéra, vraiment ?

Publié le 7 octobre 2019
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Samedi soir, dès 19h, une foule s’amassait sur le parvis de l’Opéra Comique, place Boieldieu. En famille, seuls ou entre amis, les badauds étaient venus nombreux pour passer salle Favart une Nuit Blanche … lyrique. Preuve que la musique adoucit les mœurs, même l’attente, parfois longue, se faisait dans une ambiance festive et bon enfant. Mais qu’attendait donc cette foule toujours plus compacte tout au long de la nuit ? L’Opéra Comique, pour sa première participation à la Nuit Blanche, avait organisé un karaoké pas comme les autres :  un opéraoké. 8 séances exceptionnelles pour devenir chanteur lyrique le temps d’un soir. Voilà une occasion qui ne se présente pas tous les jours… et qui en avait séduit plus d’un. 

Tout ce monde pour chanter de l’opéra, vraiment ?  Si vous vous posez cette question, c’est que vous ne connaissez peut-être pas encore Christophe Grapperon, le maestro de la soirée. De 19h à 4h du matin, ce chef de chœur hors normes, a réussi l’exploit de faire chanter plus de 5 000 personnes de 7 à 77 ans sur des airs de Carmen, de La Flûte enchantée, de La Fille de Madame Angot… Le public-chanteur, parfois sceptique en entrant, ressortait exalté et en redemandait encore. Certains restaient même parfois pour une deuxième séance. Et repartaient, avec pour toute la nuit dans la tête l’air du Toréador ou celui de Papageno. 

Mais pour la Nuit Blanche, cela ne suffisait pas encore. A minuit, les chanteurs firent une pause pour accueillir dans le foyer du théâtre l’artiste espagnole Pilar Albarracin. Dans une performance ayant débuté à Séville et poursuivie ce soir-là dans les rues de Paris, elle se mettait en scène avec 150 femmes habillées en tenues traditionnelles Flamenca. De véritables Carmen venues mourir dans la salle qui l’a vu naître, pour dénoncer, dans un parterre de couleurs, les violences faites aux femmes. 

Cette première Nuit Blanche, on peut le dire, fut un succès. De fréquentation, bien sûr, mais surtout de sens. Un moment de partage dont l’émotion et la convivialité ne peuvent que nous inviter à reproduire l’expérience.