Retrouvez Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach à l'Opéra-Comique avant le 5 octobre.
Mis en scène par Lotte de Beer et dirigé par Pierre Dumoussaud, le spectacle réunit l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, l’Ensemble Aedes et Michael Spyres (Hoffmann), Héloïse Mas (La Muse/Nicklausse) et Amina Edris (Olympia, Antonia et Giulietta).
Cette nouvelle production invite le public à suivre le parcours du poète Hoffmann et ses amours contrariées, entre réalité et imaginaire.

Rencontre avec Pierre Dumoussaud | Les Contes d'Hoffmann
Transcription textuelle
Transcription textuelle de l’interview de Pierre Dumoussaud
Sujet : Son travail de chef d’orchestre sur Les Contes d’Hoffmann, production donnée à l’Opéra-Comique en septembre 2025
Introduction
[00:00:00] Dans cette production, nous avons essayé de nous rapprocher autant que possible du geste initial d’Offenbach, bien que l’on sache que c’est une chimère de pouvoir représenter Les Contes d’Hoffmann tels qu’Offenbach les aurait inventés.
Contexte historique et littéraire
[00:00:20] Ernst Theodor Amadeus Hoffmann est l’un des écrivains germanophones les plus en vue au milieu du 19ᵉ siècle. Il a écrit énormément de contes, fantastiques pour la plupart.
[00:00:30] En 1851, Barbier et Carré, deux librettistes à succès, décident d’en faire une pièce de théâtre : Les Contes d’Hoffmann, un drame en cinq actes, représenté au théâtre de l’Odéon à Paris. C’est un succès.
[00:00:41] Offenbach décide alors de s’associer à eux pour en faire un opéra, un grand opéra en cinq actes, destiné à l’Opéra-Comique et qui devait être représenté à la toute fin des années 1870.
[00:00:54] Mais le drame de cette œuvre, et de l’histoire de la musique, c’est qu’Offenbach va décéder pendant les répétitions des Contes d’Hoffmann. Dès lors, on ne peut que supputer ce qu’aurait pu être cette œuvre s’il avait pu mener les répétitions à leur terme.
Les Contes d’Hoffmann dans l’œuvre d’Offenbach
[00:01:07] On pense souvent que Les Contes d’Hoffmann est une œuvre à part dans la création d’Offenbach, car on connaît surtout La Belle Hélène, Orphée aux enfers, etc. Mais en réalité, il y a des précédents dans sa création.
[00:01:15] Dès le début de sa carrière, avec Les Fées du Rhin, Offenbach explore le registre du fantastique, avec un orchestre presque wagnérien. Il tente aussi une première fois à l’Opéra-Comique avec Fantasio, qui sera un échec terrible dont il ne se remettra jamais vraiment.
[00:01:31] Bien que son fond de commerce et la clé de tous ses succès aient été l’humour et la critique sociale, à travers ses opérettes et ses opéras bouffes, Offenbach a toujours voulu mener à bien des ouvrages plus sérieux et dramatiques.
[00:01:46] On peut dire des Contes d’Hoffmann qu’Offenbach n’est jamais là où on l’attend. C’est une œuvre de maturité, difficile de savoir s’il a senti sa fin approcher, mais on sent qu’il a abandonné les conventions.
[00:02:01] La manière dont il a construit toutes ses opérettes, avec des airs et des ensembles répondant à des codes, n’existe plus ici. Dans Les Contes d’Hoffmann, Offenbach est au plus proche du drame, du texte, de la dramaturgie et du théâtre, dans la plus pure tradition gluckiste française.
Analyse musicale et artistique
[00:02:16] Dans le premier acte, et le deuxième aussi, on sent qu’il peut passer, avec des transitions très abruptes, d’un sujet à l’autre en une seule mesure. Il y a des contrastes d’orchestration, des clairs-obscurs qui sont parfois totalement surprenants.
[00:02:28] Des modulations d’une tonalité à une autre que personne n’aurait pu prévoir. Et c’est ce qui fait tout le sel des Contes d’Hoffmann : même si l’on connaît cette partition par cœur, on ne sait jamais dans quelle version elle va être représentée.
[00:02:41] On peut toujours se servir d’Offenbach, de son discours et de son art de la transition, pour se laisser emporter dans une bulle que l’on n’aurait pas imaginée.
Fin de la transcription
Opéra fantastique de Jacques Offenbach, créé à l’Opéra-Comique le 10 février 1881.
Nouvelle production créée à l’Opéra national du Rhin le 20 janvier 2025, reprise du 25 septembre au 5 octobre 2025 à l'Opéra-Comique.
Direction musicale, Pierre Dumoussaud • Mise en scène, Lotte de Beer • Avec Michael Spyres, Héloïse Mas, Amina Edris, Jean-Sébastien Bou, Raphaël Brémard, Nicolas Cavallier, Matthieu Justine, Matthieu Walendzik, Marie-Ange Todorovitch • Choeur, Ensemble Aedes • Orchestre Philharmonique de Strasbourg