[La chronique des Fantasept] « Ici il faut caler quelques rires. »

Publié le 31 janvier 2017
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Mardi 31 Janvier 2017 20h-23h, répétition et filage du premier acte de Fantasio avec le chœur Aedes. Avant que Martin Surot ne joue les premières notes de l’ouverture de la pièce d’Offenbach sous la direction de Laurent Campellone et Claire Levacher, duo comique de la fosse d’orchestre, tout le monde a pris place dans les fauteuils rouge du Châtelet. La quarantaine de choristes, les quelques solistes, les régisseurs, les techniciens, l’équipe artistique de mise en scène : un parterre presque rempli, et déjà l’impression d’une salle comble. Ils se sont mis à votre place, le temps d’une petite mise au point avant de reprendre possession de la scène, des coulisses, de la fosse.

Il est presque 22h et le théâtre fourmille de ces hommes et ces femmes, travailleurs assidus et aux horaires insoupçonnés que dans le jargon du monde du travail nous nommons « intermittents du spectacle.»  De l’habilleuse à la soprano en passant par le metteur en scène et le technicien des lumières, tous vivent sous le même régime juridique et tous n’ont qu’une motivation, votre plaisir. « Ici, on va caler quelques rires » dit Thomas Jolly en réfléchissant au mouvement et au rôle du chœur dans cette « vieille Munich enfumée » ainsi déplorée par Fantasio

Susciter l’émotion, voilà en quoi consiste le travail collégial des intermittents qui, sans intermittence, font de vous leur priorité, avant même que vous n’entriez dans la salle. Chacun d’entre eux, que ce soit Marie-Eve Munger en perfectionnant ses vocalises, Thibault Fack en agençant jusqu’à la dernière minute la place d’une table sur scène, Annabelle Richard et Emmanuelle Rista régisseurs respectivement en charge du ballet des artistes et de celui de l’équipe technique cachée dans les coulisses, tous pourront dire d’une certaine manière « vissi d’arte. » On annonce une durée estimée à 2h50 concernant le spectacle qui sera joué à partir du 12 février. On peut estimer qu’à 23h30 la porte d’entrée du Châtelet se sera refermée après le départ du dernier spectateur. Pourtant rue Edouard-Colonne la porte de l’« entrée des artistes » ouverte à l’aube continuera à battre, comme elle le fait depuis le début de ce mois de janvier, les allées et venues des intermittents cherchant à perfectionner leur œuvre, votre sourire, afin de pouvoir compléter la formule qu’une certaine Maria Callas fit résonner dans tout Paris et qu’Enguerrand de Hys (Facio) chantonne dans son fauteuil rouge : « vissi d’arte, vissi d’amore. »  

Charles pour les Fantasept

Chronique d'un Opéra
Mardi 31 janvier 2017
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Fantasio

Jacques Offenbach

12 au 27 février 2017

Dans la lignée des Contes d’Hoffmann, la partition d’Offenbach, sur une histoire de Musset, avait en partie disparu dans l’incendie de l’Opéra Comique. Avec une mise en scène signée Thomas Jolly, le spectacle renaît de ses cendres.

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