La querelle des Bouffons (1752-1754)

Le 9 janvier 1753, la création du Titon et l’Aurore de Mondonville à l’Académie Royale de Musique, ou Opéra (ancêtre de l’actuel Opéra de Paris), coïncide avec la phase aigüe d’un débat esthétique : la « querelle des Bouffons ».

Publié le 17 février 2021
fr
	<p>Caricature de quatre personnalités parisiennes (Vandières, Le Blanc, Soufflot et Cochin le Jeune), par Pier Leone Ghezzi, vers 1750, The Metropolitan Museum New York, Rogers Fund © Metmuseum</p>

Caricature de quatre personnalités parisiennes (Vandières, Le Blanc, Soufflot et Cochin le Jeune), par Pier Leone Ghezzi, vers 1750, The Metropolitan Museum New York, Rogers Fund © Metmuseum

Sur le fond d’une éternelle comparaison entre les arts italien et français, la polémique oppose un genre noble et sérieux (la tragédie lyrique française) à un genre comique visant l’expression naturelle (l’opera buffa italien). Les querelleurs se disputent au parterre de l’Opéra et dans des pamphlets. Ils confrontent le répertoire de l’institution avec les spectacles d’opera buffa que la troupe italienne d’Eustachio Bambini y donne depuis le mois d’août 1752. Ce sont les fameux « Bouffons » italiens, qui donnent leur nom à cette querelle. La cohabitation des genres et des langues est une première sur la scène royale.

Deux camps se dessinent : ceux que l’on nomme les « bouffonistes »dont le clan rassemble philosophes et encyclopédistes, soutiennent dans leurs écrits et dans la presse les intermèdes proposés par la troupe d’Eustachio Bambini, notamment la Serva padrona de PergolèseDe l’autre côté, les partisans de l’art français se tiennent sous la loge du Roi, assurent le triomphe de Titon et l’Aurore de Mondonville. Ils s’attaquent aux « bouffonistes » qui sapent la tradition musicale française héritée de Lully. Pour eux, il s’agit avant tout de sauver un genre et la dignité de l’opéra français.

Cette dispute peut sembler circonscrite à quelques intellectuels dans l’enceinte de l’Opéra ; mais elle est aussi le signe d’une évolution plus globale du goût et des formes lyriques au milieu du xviiie siècle, ainsi que de la recherche d’un renouveau pour l’opéra français. La querelle consacre aussi le dynamisme de genres et de scènes très populaires : l’Opéra Comique et la Comédie Italienne, qui proposent avec succès les traductions françaises de certaines œuvres de Bambini, ainsi que les parodies des tragédies lyriques alors représentées à l’Opéra.

Nous vous proposons de découvrir les textes marquants de cette « querelle de pamphlets » (onglet « La guerre à l’Opéra »), mais aussi une partie de ce répertoire qui a profondément marqué la vie intellectuelle et artistique de la fin de l’Ancien Régime. Vous trouverez dans l’onglet « ressources » une bibliographie pour approfondir le sujet.

Dossier

La querelle des Bouffons

Depuis l’automne 1752, on se dispute à l’Opéra autour des mérites de la musique française et de la musique italienne. L’arrivée des Bouffons italiens durant l’été 1752 et la création de Titon et l’Aurore en janvier 1753 déclenchent un véritable affrontement qui marque durablement le monde de la musique.

En savoir plus

Titon et l'Aurore

Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville

18 au 27 janvier 2021

Titon et l’Aurore est un conte et une allégorie. Le berger Titon et l’Aurore fugitive s’aiment, malgré le passage du temps et la jalousie des dieux. Le climat se trouble, nymphes et faunes s’en mêlent.

En savoir plus