Les femmes, gardiennes de l'Opéra-Comique !

Découvrez ces femmes qui ont (littéralement) fondé le style de l’Opéra-Comique. Statues à l’entrée du Théâtre, raffinements des décors et des tentures, mais aussi personnages mythiques du répertoire, les femmes sont les muses et les figures tutélaires de ce lieu tricentenaire qu’est l’Opéra-Comique !

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Hall de l’Opéra-Comique © RMN (Opéra-Comique) Christophe Chavan

L’Opéra-Comique se consacre depuis le siècle des Lumières à la comédie en musique, c’est-à-dire à la peinture grave ou plaisante de la société, des conditions, des âges de la vie, des ambitions et des sensibilités propres à chaque époque. Son répertoire regorge de titres prometteurs, de La Fille mal gardée au Génie des Dames en passant par Les Femmes vengées. Le travesti étant une tradition maison, d’autres titres jouent sur l’équivoque: La Fille garçon, Léonore et Félix ou C’est la même !, Jeanne d’Arc, La Fiancée du diable, Rita ou le Mari battu, Le Domino noir

Les principales héroïnes de l’art lyrique français sont nées à l’Opéra-Comique : La Fée Urgèle, Nina (ou la Folle par amour), Léonore (ou l’Amour conjugal), La Dame blanche, La Fille du régiment, (Les Noces de) Jeannette, Mignon, Carmen, Lakmé, Manon, Sapho, Cendrillon, Louise, Grisélidis, (Pelléas et) Mélisande, Ariane (et Barbe-bleue)… Les compositeurs Duni, Dalayrac, Beethoven, Boieldieu, Donizetti, Massé, Ambroise Thomas, Bizet, Delibes, Massenet, Charpentier, Debussy et Dukas leur doivent leur renom.

Le patrimoine de l’Opéra-Comique, c’est aussi la salle Favart, classée depuis 1977. Dans son vestibule lumineux deux personnages féminins debout et en mouvement accueillent le public: ce sont les statues de Carmen et Manon. Le ton est donné : l’Opéra-Comique est le lieu du spectacle vivant et, maison de la comédie, promeut des protagonistes féminines qui revendiquent le sentiment, savent partager leurs émotions et inscrivent leurs passions dans la société qu’elles interrogent, défient et font évoluer.

Outre Carmen et Manon, dont les effigies sculptées accueillent les spectateurs, le théâtre de l’Opéra-Comique décline dans son décor architectural, qui date de 1898, les motifs végétaux et les emblèmes de la comédie. Peintures et sculptures font triompher la mobilité, la vitalité, la sensibilité et le plaisir des rencontres et des échanges: des valeurs considérées à la Belle Époque comme typiquement féminines, et qui ont inspiré leurs plus beaux chefs-d’œuvre aux auteurs et aux compositeurs français.

Le répertoire de l’Opéra-Comique comporte environ 3000 titres créés depuis 1715, dont une trentaine écrits par des compositrices. La première d’entre elles est Justine Favart: après ses débuts en tant que danseuse, actrice et chanteuse à l’Opéra-Comique de la Foire Saint-Germain, elle devient la vedette de la Comédie-Italienne, y compris après la fusion des deux institutions en 1762. Autrice de livrets d’opéras-comiques en vaudevilles, Justine Favart est également compositrice. On lui doit deux airs dans la parodie Tircis et Doristée (1752) de son époux Charles-Simon Favart. Suivront Fleur d’épine de Marie-Emmanuelle Bayon Louis en 1776, puis des partitions de Sophie Gail, Louise Bertin, Elsa Barraine, jusqu’à l’opéra Les Sentinelles composé par Clara Olivares en 2024.