Toute ressemblance avec un théâtre ou des lieux similaires ne saurait être que fortuite et indépendante de notre volonté

Un seul fauteuil vous manque et tout est dépeuplé. Que dire alors quand il n’en reste plus un seul ?

Publié le 4 septembre 2015
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	<p>Photo © Stefan Brion<br />
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Photo © Stefan Brion
 

L’orchestre nu. Vide. Pire, le sol dépouillé de son plancher, les structures de fer qui n’avaient pas trouvé à s’employer sur la tour de Gustave Eiffel protégées par de vulgaires caissons en bois blancs, des blocs de béton brut coulé pour supporter l’immense échafaudage qui remplira bientôt tout le théâtre de haut en bas et les tentures enlevées, de loin comme arrachées, pour mieux marquer la désolation. Pour le public qui a connu Favart, les deux premières images constituent sans doute un choc. Elles disent l’étendue de ce qui se passe sur le chantier en cet été finissant. A la réouverture, c’est précisément de dessous les sièges que la fraicheur viendra améliorer la situation du spectateur. Deux cents petites bouches invisibles et muettes pour renouveler le fond de l’air. Les mêmes habitués de la salle Bizet et de l’ascenseur qui conduit aux étages supérieurs jetteront un œil à la photo n°6 et tenteront de faire abstraction du coffrage qui protège marbres et dorures pour retrouver ce qu’ils connaissent. Règle de base du chantier de grande ampleur en ces lieux chargés d’Histoire: d’abord protéger ce qui a de la valeur et reste sur place avant de passer au vif du sujet.  C’est cette impression de préparation qui saute aux yeux. Dedans et dehors le théâtre. Du coup, la désolation bien réelle tend à s’estomper. Plus on visite et plus on mesure que les apparences sont trompeuses et qu’il y faut du soin, beaucoup de soin. Plus rien n’est reconnaissable et tout reviendra comme avant. En mieux.

 

Pour les collaborateurs du théâtre, artistes, techniciens, employés qui avaient l’habitude de déambuler un peu partout, les photos qui suivent doivent paraître bien intrigantes. Il y a même à parier que certains ne reconnaitrons pas leur propre lieu de travail, l’endroit précis où ils venaient  matins et soirs accomplir leur mission. La photo 8 notamment. Celles et ceux du service audiovisuel, de la régie générale et de la loge maquillage n’en croiront pas leurs yeux. Plus rien là encore. Les murs lisses. Plus une paroi, pas même une vieille image, un souvenir. Rien à accrocher. Autre règle de base du chantier dans les très vielles maisons : ne pas hésiter à mettre à la benne ce qui nuit à l’efficacité de l’ensemble. Favart en certains endroits fera peau neuve.

Dossier

Travaux : Favart fait peau neuve

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