Portrait de Mécène | Isabelle de Kerviler

Isabelle de Kerviler, mécène du Cercle Favart, témoigne de son engagement auprès de l'Opéra Comique 

 

Publié le 7 décembre 2022
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Entretien

Expert-comptable et commissaire aux comptes, Isabelle de Kerviler est une femme de chiffres. Passionnée d’art et diplômée du l’École du Louvre, Isabelle de Kerviler soutient de nombreuses institutions et porte un attachement tout particulier à l’Opéra-Comique.

Comment avez-vous connu l’Opéra Comique et quelle est votre histoire avec la maison ?

Le premier spectacle qui m’a marquée date de 2003: il s’agit de la création de Jérôme Savary La Belle et la toute Petite Bête, interprétée magistralement par Arielle Dombasle. Cette comédie musicale, naïve, corrosive et magique m’avait dévoilée les diverses facettes d’un spectacle à l’Opéra-Comique.

Mon vrai retour à l’Opéra-Comique date de 2015 quand Olivier Mantei a été nommé directeur ; il avait pour mission de faire du théâtre lyrique un « art du présent » en y associant les metteurs en scène et les créateurs d’aujourd’hui. La tradition de création de cette maison était clairement réaffirmée.

"L’opéra-comique [...] demande aux artistes de savoir chanter mais aussi de savoir jouer ; l’air du temps est à la polyvalence".

Isabelle de Kerviler Mécène du Cercle Favart

Partagez-nous votre parcours de mécène 

Je suis devenue mécène en 2016. Être mécène permet de passer du statut de simple spectateur à celui de « spectateur engagé et responsable».

Être mécène permet de s’approprier le bâtiment ; celui de l’Opéra-Comique est un bijou trop bien gardé – car peu connu – et niché au cœur de Paris. La découverte d’espaces non ouverts au grand public – comme les ateliers ou le plateau – accroît encore le sentiment de complicité avec l’édifice.

Être mécène permet également de faire connaissance avec les équipes et la direction, ce qui construit un lien encore plus intime avec le théâtre.

Enfin, être mécène permet d’appréhender les spectacles d’une façon originale, par la visite des décors (par exemple la maison à deux étages de L’Inondation, opéra mis en scène par Joël Pommerat) ou la visite des loges (la combinaison orange – oh ! combien commentée – de Florestan dans Fidelio séchait dans la loge de Michael Spyres lors de notre visite).

La possibilité de rencontrer les chanteurs, les chefs d’orchestre, les metteurs en scène, les scénographes, les créateurs de costume … est également un vrai privilège.

Bref, devenir mécène c’est devenir membre d’une grande famille : ce sentiment d’appartenance décuple l’émotion ressentie lors des représentations.

Quels sont les projets de l’Opéra Comique qui vous tiennent le plus à cœur ?

Ayant eu une longue carrière politique, je suis très attentive à l’intégration des jeunes par l’école : la Maîtrise populaire répond pleinement à cette préoccupation. Son instauration en 2016 correspond à un formidable projet d’éducation par l’excellence artistique et un formidable projet de mixité sociale. Le dévouement de sa directrice, Sarah Koné, est l’une des clés de son succès.

Le Voyage dans la Lune – que j’ai eu la chance de voir pendant son enregistrement – va éblouir les petits et les grands ; cet opéra-féerie, mis en scène par Laurent Pelly, dévoile tous les talents des enfants formés par Sarah.

L’autre projet qui me tient à cœur est la diffusion de plus en plus affirmée de la musique baroque. La résurgence du répertoire baroque permet la redécouverte d’instruments anciens comme la viole, qui sont à nouveau proposés et enseignés dans les conservatoires. Voilà un enrichissement de la connaissance musicale et de son patrimoine qui est à mettre au crédit de l’Opéra-Comique.

"Être mécène permet de faire connaissance avec les équipes et la direction [...] et d’appréhender les spectacles d’une façon originale".

Isabelle de Kerviler Membre du Cercle Favart

Quel est votre souvenir musical le plus fort Salle Favart ?

Je voudrais commencer par évoquer un souvenir plus que musical : la première soirée de Gala organisée par les mécènes fin 2021. Le public était au rendez-vous, en présence des artistes emblématiques de l’Opéra-Comique : Julie Fuchs, Marie Lenormand, Philippe Talbot, Alexandre Duhamel. Le dîner conçu par Alain Passard était lui aussi placé sous le signe de l’excellence. Enfin, l’éclairage magique de la façade du bâtiment extérieur – visible de cette si jolie place Boieldieu –ajoutait encore de la féerie à cette soirée hors norme !

Pour le souvenir musical, j’en citerai plusieurs.

J’avais été enchantée en 2016 par Le Domino Noir, première création lyrique de Valérie Lesort et Christian Hecq. Elle était pleine de fantaisie et de poésie, avec des marionnettes et des danseurs. Les scènes parlées étaient aussi exigeantes que les scènes chantées. Anne-Marie Gillet et Marie Lenormand nous avaient tous séduits.

Je souhaiterais aussi dire quelques mots sur les deux derniers spectacles de 2022. Tout d’abord Armide, mis en scène par Lilo Baur dont je connaissais les œuvres théâtrales (notamment L’avare, rôle qu’elle avait fait endosser par un banquier suisse…). En tant que mécène, j’avais eu le bonheur d’assister avant l’été à une séance de travail, qui m’avait permis de mieux comprendre le processus créatif de cette jeune metteuse en scène talentueuse.

Et aussi Lakmé. Le couple Raphaël Pichon - Sabine Devieilhe accompagné de Stéphane Degout rendent ce moment inoubliable. Sa reconnaissance comme l’un des meilleurs spectacles de l’année par le New York Times ne fait qu’entériner l’enthousiasme exprimé salle Favart.

Quel serait votre souhait pour le futur de l’Opéra Comique ?

Mon souhait serait que l’audience de cette maison d’élection des amoureux de l’art et de la gaieté soit élargie et rajeunie.

Elargie d’abord aux amateurs de musique classique, qui ont souvent tendance à regarder l’opéra-comique avec un peu de condescendance. C’est tout à fait surprenant d’observer leur réaction, en 2019, face aux Indes galantes proposées à Bastille et conçues comme un grand divertissement, avec des danseurs de Krump. Loin d’être boudées, elles ont été accueillies à bras ouverts. Si ce spectacle était donné à l’Opéra-Comique, aurait-il droit au même engouement de leur part ?

Elargie aussi aux passionnés de théâtre, qui aiment avant tout le parlé et qui pourraient savourer le parlé-chanté.

Une remarque s’impose quant aux lieux : l’Opéra Garnier (la Mecque du chanté), la Comédie Française (la Mecque du phrasé) et l’Opéra Comique (la Mecque du chanté-phrasé) se situent dans la même zone géographique. Leur public respectif devrait donc pouvoir passer de l’un à l’autre sans trop de difficulté, pour profiter d’une offre diversifiée et de même qualité.

En tant que mécène, il nous revient d’expliquer que l’opéra-comique est plutôt de l’opéra-comédie qui demande aux artistes de savoir chanter mais aussi de savoir jouer : c’est donc plus difficile qu’une œuvre uniquement chantée. Mais l’air du temps est à la polyvalence pour les artistes ; cette évolution importante est sans doute nécessaire pour séduire un nouveau public.

Et nous pouvons rappeler que l’opéra-comique est issu de la comédie-ballet et se prolonge dans la comédie musicale. Les jeunes devraient donc être attirés par la salle Favart…qui est sans doute la salle de spectacle qui affiche la programmation la plus originale de la capitale.

Nous remercions Madame Isabelle de Kerviler, mécène Manon du Cercle Favart, qui a accepté de répondre à nos questions et soutient fidèlement notre maison.

N'hésitez pas à contacter l'équipe mécénat à l'adresse suivante pour découvrir les projets à impact de l'Opéra Comique. 

 

L'équipe mécénat de l'Opéra Comique 

L'équipe Mécénat de l'Opéra Comique
Téléphone 01 70 23 01 38