Orphée et Eurydice, un drame héroïque

Publié le 7 septembre 2018
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Il n’y a pas de mythe plus représentatif du courage amoureux que celui d’Orphée et Eurydice. Si entrer au coeur des Enfers n’est un privilège donné qu’aux morts, Orphée est l’un des rares, avec Thésée, Enée et Télémaque (fils d’Ulysse), à avoir réussi non seulement à pénétrer dans ces lieux mystiques, mais surtout à en ressortir, grâce à la force de l'amour. 

Orphée ayant perdu sa bien-aimée mordue par un serpent, use de ses dons pour la musique et le chant pour charmer les dieux des Enfers et ramener son Eurydice parmi les vivants. Il obtient cette faveur à la seule condition de ne pas se retourner en quittant les Enfers, avant d'avoir atteint la surface de la Terre et la lumiere du soleil. Le mythe repose sur le non respect de cette condition. Il n’existerait pas si Orphée ne s’était pas retourné, pétri de doute et d’angoisse… menant à la perte d’Eurydice une seconde fois. Si les fins du mythe d’Orphée diffèrent selon les époques et les écrits, peu importe que l’on choisisse la version d’Ovide, de Platon ou d’un autre, le socle originel reste le même: la question de la perte, du deuil et le reflet de soi-même face à la mort. 

Raphaël Pichon et Aurélien Bory s’emparent de cet opéra de Gluck dans la version romantique que Berlioz a écrite en 1859, afin de l’adapter aux spectateurs français. Le rôle-titre y est attribué à une mezzo-soprano plutôt qu’à un castrat. Les maîtres d’œuvre en conserveront-ils la fin heureuse ? La question reste posée. 

Aurélien Bory s’approprie les différentes dimensions du mythe d’Orphée pour mettre en exergue les différences des deux mondes, mais aussi leurs similitudes. Une mise en scène qui utilise de vieux procédés de magie théâtrale pour faire croire à des apparitions et qui fait intervenir circassiens et danseuses pour illustrer la puissance du monde des Enfers. Dans cette version, le plateau sera ainsi exclusivement féminin puisqu’Orphée est donc interprété par une femme, Marianne Crebassa, avec Hélène Guilmette dans le rôle d’Eurydice et Lea Desandre dans celui d’Amour. Pour Aurélien Bory cette présence exclusivement féminine est aussi une façon d’accentuer “la relation gémellaire entre Orphée et Eurydice, qui rappelle le discours d’Aristophane sur l’homme androgyne coupé en deux”. Il s’inspire de cette idée qui suppose que les deux personnages n’auraient formé qu’un seul être aux origines de la vie. 

Cet opéra promet de rendre ce mythe grandiose sur le plateau de la salle Favart. Le chœur et l’orchestre Pygmalion seront dirigés par la main de Raphaël Pichon, fidèle à la version de Berlioz, et dans un décor onirique à trois dimensions, porté par trois femmes dont le talent a été prouvé plusieurs fois sur le plateau de l’Opéra Comique. L’amour est fort mais pavé de  faiblesses : c’est l’histoire du drame héroïque d’Orphée, qui vous donne rendez-vous le 12 octobre place Boieldieu.

Orphée et Eurydice

Christoph Willibald Gluck

12 au 24 octobre 2018

L’opéra des opéras, dirigé par Raphaël Pichon et avec une mise en scène en trois dimensions signée Aurelien Bory.

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