[La chronique des Fantasept] « Quand le décor entre en piste...»

Publié le 23 janvier 2017
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Ce lundi 23 janvier au matin, Thibaut Fack, le scénographe de Fantasio, surveille la mise en place des décors avec attention. Aujourd'hui a lieu sur le plateau du théâtre du Châtelet ce que l'on nomme, dans le jargon théâtral, la « présentation des tableaux ». Peut-être imaginez-vous un peintre-décorateur plein d'appréhension face au metteur en scène, dépliant pour la première fois d'immenses toiles peintes réalisées dans son atelier. C'est peu ou prou la manière dont devait se dérouler la « présentation des tableaux » au XVIIIe siècle, moment où la notion de tableau devient centrale dans la conception des décors de théâtres et d'opéra, constitués le plus généralement de grandes toiles suspendues en fond de scène. Au XXIe siècle, la notion de « tableau » est toujours en vigueur mais n'a plus grand-chose à voir : les toiles peintes ont fait place à une diversité de structures de différentes formes et matériaux, allant de l'escalier en bois à l'échafaudage métallique ou au rail posé à même la scène. Tous les éléments de décors ont ainsi été conçus à l'atelier de l'opéra de Rouen, puis acheminés à Paris, entreposés au Centquatre, puis enfin arrivés sur le plateau du Châtelet. Pour le grand jour de la « présentation des tableaux », plus de peintre solitaire donc mais une véritable armada de techniciens, qui sous la conduite du scénographe et des régisseurs, installent ce qui constitueront ces « tableaux ». Car si la notion s'est aujourd'hui dégagée de l'aspect proprement pictural, elle a conservé son sens de découpage de l'action, à la manière d'une scène ou d'un acte, également utilisée à partir du XVIIIe siècle. Le tableau désigne ainsi une séquence de temps qui a lieu dans un même décor : un changement de tableau est donc un changement de décor à vue, qui s'accompagne généralement d'entrées ou de sorties de personnages, impliquant une avancée dans l'action. Le livret de Fantasio, arrangé par Paul de Musset, est ainsi sous-titré « opéra-comique en trois actes et quatre tableaux ». La « présentation des tableaux » montre pour la première fois l'enchaînement des différents décors qui se succéderont sur scène, tout au long de l'opéra…

Sur le plateau du Châtelet, la régisseuse générale donne les « tops » - comme les claps au cinéma – qui indiquent aux techniciens « l'entrée en scène » des éléments qui formeront le décor de chaque « tableau ». On s'active, on met des marques au sol, on calcule les temps d'installation des éléments scéniques, sous l’œil d'Alexandre Dain, collaborateur artistique de Thomas Jolly – lui même en train de répéter avec les interprètes dans la salle du studio B. A la fin de la journée, il faut que tout soit en place pour les répétitions du lendemain, qui pour la première fois auront lieu dans le décor véritable, sur le plateau. A la pause- déjeuner, il semble que la « présentation des tableaux » ait avancé de manière satisfaisante, et sous nos yeux uniquement grâce à quelques changements d'éléments scéniques se sont déjà dessinés plusieurs lieux de l'acte I – une ville, un château fort, un jardin, un mystérieux trou noir qui semble avaler les techniciens...qui font attendre avec impatience la mise en lumière et l'arrivée des comédiens sur scène. A suivre !

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