Tous les jeudis soir, l’horloger Torquemada quitte sa boutique pour remonter les horloges de Tolède. Voilà la toile de fond de L’Heure espagnole, créée dans les murs de l’Opéra-Comique le 19 mai 1911. Un seul acte suffit pour suivre les péripéties de personnages hauts en couleurs dans un spectacle qui célèbre la liberté des genres et la fécondité de l’esprit comique.
Les entrées et sorties de Concepción, de ses amants et de son mari sont accompagnées par la musique de Ravel, dont c’est le premier opus lyrique, une comédie musicale magnifiant les paroles et la mécanique du théâtre. S’ajoute à cette dynamique des horloges qui font partie intégrante des costumes, se mêlant au décor.
Fabriquées par Bruno Jouvet et Marine Alisé, chefs costumiers spécialisés dans la création de costumes à gros volumes, ces horloges-costumes inédites sont nées dans les Ateliers Déco-Costumes de l’Opéra-Comique, coordonnés par Alexandre Bodin, chef du service couture, habillement et perruque-maquillage.
Plusieurs techniques sont utilisées dans la fabrication et finalisation de ce type de costume : l’on peut citer notamment la patine, la peinture, la mise en relief ou encore l’impression textile. Combinées, ces techniques donnent à ces costumes l’apparence du bois.
Ces horloges ne sont pas seulement des éléments scénographiques : ce sont de vrais costumes et les comédiens joueront dedans pendant presque toute la durée du spectacle. Les horloges comportent des charnières, des portes et des fenêtres avec de petits rideaux qui s’ouvrent et se ferment, et sont équipées de poignées pour faciliter la prise par les comédiens. Des bandes LED ont également été ajoutées à l’intérieur, permettant de les éclairer.
900 heures de travail ont été nécessaires pour la fabrication des deux horloges – autant dire qu’il s’agit d’un travail soigné et minutieux ! En parallèle, des prototypes ont été fabriqués à partir de Plastazote, une mousse de polyéthylène légère et pourtant très dense qui ont permis aux solistes de répéter dans des conditions similaires à celles qu’ils retrouveraient plus tard sur scène. De plus, ces mousses se teignent, se collent et se coupent très facilement, comme un vrai textile.
Les horloges devaient être suffisamment grandes, solides et résistantes pour que les chanteurs puissent entrer dedans – et en même temps pas trop lourdes. Chanter, se déplacer et monter des marches avec demande de l’entraînement et un véritable effort physique ! Une fois terminées, les horloges ont été confiées aux équipes en charge de l’habillage, qui, si besoin, feront des retouches entre chaque représentation.
Pulcinella & L’Heure espagnole sera à l’affiche du 9 au 19 mars 2024 salle Favart.
